Al-Andalus

de Filobeche


Point de Divergence : Al-Musta'în bi-llah Sulayman ben al-Hakam ben Sulayman Ben El Nasser, ou plus simplement le calife Sulayman, défait et capture son rival Mohammed II ainsi que ses alliés catalans à la bataille de Tolède. Cette victoire lui permet de conserver l’unité du califat de Cordoue. Plus tard il défait la dynastie rebelle ziride de Grenade et prend de nombreux berbères à son service. Quand en 1013 le dernier prétendant rival, Hisham II, est vaincu, s’ouvre alors pour l’al-Andalus (l’Espagne musulmane) une période de paix et de prospérité qui dura jusqu’en 1212 et le retour de la guerre contre les rois chrétiens du Nord.

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1013-1031 : Le calife Sulayman conquiert de haute lutte la paix, il maintient les chrétiens au Nord où ces derniers ne font que s’emparer de quelques forteresses le long du Tage.

1100 : pour rééquilibrer son pays désorganisé lors du règne des précédents califes omeyyades il invite à s’installer dans en al-Andalus des milliers de Berbères, dans certaines régions ils deviennent la principale ethnie locale mais seront en majorité assimilés à la culture islamique de Cordoue.

1149 : à sa mort Suleyman, dernier calife de Cordoue laisse une seule fille, Myriam, qui est donnée en mariage au meilleur des généraux andalous, Ibn Tumart, qui reçoit alors le titre de sultan. Il ne peut prétendre au titre de calife, n’ayant aucun lien de sang avec le Prophète.

1163 : Son fils, Yusuf 1er monte sur le trône à sa mort et devient le nouveau calife par ses liens avec les omeyyades par sa mère Myriam. Il est reconnu comme tel par tous, même par les Etats du Sud (en actuelles Algérie et Maroc) et les royaumes d’Afrique noire qui lui envoient des ambassadeurs délégués pour la prière du vendredi, le reconnaissant ainsi comme commandeur des croyants.

1184-1195 : à sa mort lui succède son fils le calife Yusuf II qui doit à son tour affronter la menace chrétienne au Nord.

Ceux-ci sont menés par le roi Alphonse VIII de Castille qui tenta de profiter de la transition à la mort de Yusuf 1er pour faire avancer ses forces au Sud. Mais c’est seulement en 1195 qu’il se résout enfin à envahir directement le califat.

Les armées chrétiennes seront défaites à la bataille d’Alarcos mais ce sera surtout la retraite conséquente qui fut un désastre pour les chrétiens. Enfoncés loin dans le Sud ils durent retraverser un vaste territoire sous contrôle ennemi, tenaillés par la faim, la soif et les attaques avant de revenir dans leurs terres du Nord.

1196-1199 : le calife Yusuf II abdique pour pouvoir se retirer dans une madrasa du Liban qu’il avait fondé et où il moura quelques années plus tard. Son fils Mohammed III lui succède alors que s’ouvre une période de crise. Les provinces les plus éloignées de son empire, comme la Tunisie menacent de se révolter.

Mohammed III, conseillé par son Vizir décide finalement d’abandonner ces régions problématiques pour concentrer ses forces sur la péninsule et la lutte contre les royaumes chrétiens.

1208-1218 : le chef croisé Simon de Montfort marche à son tour contre le califat depuis le Sud de la France où il a déjà éradiqué la secte hérétique cathare. Les croisés se rendent coupables lors de leur marche de crimes atroces et sanguinaires, s’aliénant même les sympathies des populations chrétiennes rencontrées sur leur route.

1212 : Dans l’espoir de se venger de sa défaite Alphonse VIII de Castille lance une nouvelle offensive contre les musulmans avec l’aide des croisés et des princes chrétiens de la péninsule. Il franchit les montagnes et le fleuve Ebre qui le sépare du califat. Les armées chrétiennes semblent devoir écraser par le nombre les musulmans mais de graves désaccords entre leurs chefs, notamment entre Alphonse VIII et Ranche de Navarre, qui retirera ses troupes, qui les affaiblissent. À la bataille de Las Navas de Tolosa les Maures remportent une grande victoire. Malgré le courage personnel d’Alphonse VIII et de la charge de la chevalerie chrétienne le calife Mohammed III remporte une éclatante victoire. L’armée castillane est anéantie, Alphonse VIII lui-même tombe lors du combat.

Cette victoire permet aux troupes andalouses d’enfoncer les confins chrétiens et d’occuper d’importantes forteresses. Salamanque et Lisbonne sont pillées et la frontière est ramenée le long du Tage. Pour célébrer sa victoire une nouvelle mosquée est érigée à Cordoue, dite mosquée des éperons pour ce que les éperons des chevaliers chrétiens tombés lors de la bataille y resteront exposés.

1213 : décès du calife Mohammed III, il laisse le trône à son fils Yusuf III qui est encore un enfant. La jeunesse du nouveau souverain permet à des chefs ambitieux de prendre le contrôle des provinces, rendant le califat quasiment théorique même si l’al-Andalus et l’émirat de Fez en font toujours officiellement partie. Cependant le gouvernement de quelques vizirs efficaces maintiendra la prospérité du califat notamment par le commerce et les passages par le détroit de Gibraltar, astreint à une taxe.

Dans le même temps la tolérance légendaire du califat de Cordoue semble être remise en question à l’encontre des chrétiens. Ces derniers, persécutés, commencent à migrer vers le Nord. Les juifs eux aussi sont l’objet d’attaques et sont contraints à choisir entre la conversion et l’exil.

1218 : le chef croisé Simon de Montfort assiège et saccage pour la deuxième fois la cité de Toulouse mais il est tué au cours de l’assaut, laissant sans chefs les croisés qui commencent alors à se disperser. Ce vide laisse au royaume de Catalogne la possibilité de s’étendre vers le Nord.

1224-1234 : le calife Abdallah monte sur le trône, bien que jeune il opère une vaste reprise en main du califat qui entraîne la révolte des plus ambitieux des princes au cours de son règne de dix ans. Les persécutions contre les chrétiens se poursuivant ces derniers se rallient aux rebelles et appuient militairement les différents prétendants du Maroc et du Portugal. Le calife entreprend la reconquête du Portugal.

1234-1242 : Poursuite de la campagne du Portugal après le décès d’Abdallah par le calife Idris 1er.

Dans un premier temps les troupes califales avancent mais elles sont ensuite repoussées lorsque le frère du calife, al-Walid tente de tuer et d’usurper le trône d’Idris qui est tué dans la tentative. Le trône passe alors par une période de grand trouble qui voit se succéder sur le trône Yahya et enfin Abdul Walid qui se proclame calife et termine la reconquête du Portugal. Il laissera à son fils le calife Ali le soin de récupérer toutes les terres perdues ou révoltées lors de l’anarchie.

Le nouveau calife réussit à reconquérir l’ensemble de l’al-Andalus dont une partie avait été occupée par les Castillans et les Portugais mais il devra négocier avec les Catalans qui lui offrirent la paix, la neutralité et un traité de commerce.

Cette paix avec les Catalans renforcera son trône et stabilisant l’al-Andalus, libérant aussi les forces nécessaires à terminer la reconquête du Portugal avec la prise de Lisbonne et Santarem.

1250-1261 : croisade française pour ramener l’Espagne dans la Chrétienté.

L’expédition est dirigée par le roi de France Louis IX. Il passe les Pyrénées avec son armée et entre en Navarre où il est bien accueilli par la noblesse locale. Cependant la Castille d’Alphonse X refuse de le soutenir et de lui livrer passage. En effet les Castillans ne veulent pas reprendre la guerre contre les Maures alors qu’ils sont occupés à combattre le royaume du Léon dirigé par le roi Ferdinand III le Saint.

Le roi français pourtant ne cède pas et en négociant range à son côté l’Aragon qui lui livre le passage et des troupes. Les Français en 1252 campent sur la frontière avec le califat.

La première bataille fut favorable au roi chrétien qui défit les troupes du calife Omar près de Teruel qui fut prise et pillée. Cependant les continuelles attaques des Maures contres croisés et le refus des Castillans de participer limitèrent bien vite la portée de cette victoire.

Finalement le 3 novembre 1254 le roi Louis IX attaqua de nouveau les troupes d’Omar qui campaient près de Segorbe. Il voulait remporter une victoire éclatante qui, d’une part aurait contraint les Castillans à participer, et d’autres parts lui aurait ouvert la voie vers Valence. Il subit en fait une défaite comparable à celle de Las Navas de Tolosa et le roi français lui-même fut capturé et emmené captif.

Entre temps l’émir de Valence Omar Ben Marin attaque le camp de base chrétien sur la frontière. La zone est annexée à l’Andalousie et l’Aragon est contraint de renégocier son traité de commerce et à abandonner la guerre. À partir de ce moment l’expansion aragonaise ne se fera plus qu’en direction du Languedoc et du Roussillon. Le calife Omar propose au roi Louis IX une paix honorable mais ce dernier refuse, le roi français est donc exécuté et avec sa peau est confectionnée un étendard qui sera envoyé comme don à La Mecque.

Cependant, voyant l’occasion de briller à son tour, le roi Alphonse X de Castille envahit dans le même temps l’al-Andalus et met le siège devant Tolède qui est pillée le 22 juin 1257. Mais son armée est insuffisante pour occuper ces terres et il doit se retirer face à l’arrivée des troupes califales.

Alphonse X est finalement vaincu lors de la bataille de Ségovie qui ouvre à l’émir Omar Ben Marin la route vers le Nord. En 1260 il mettra à sac la cité de Saint-Jacques de Compostelle et emportera avec les précieuses reliques qui y étaient conservées.

Mais l’émir, renforcé par ses victoires et profitant de l’agitation intérieure des chrétiens et des juifs se révolte contre le nouveau calife Idris II lors de la bataille de Valladolid le 2 mai 1266 où il retourne ses troupes contre celles du calife et s’allie avec les Castillans. À cette occasion la Castille peut reprendre les terres perdues durant la dernière guerre et aussi étendre son contrôle sur la Galice et Compostelle dont l’émir restitue les trésors.

1268 : le roi d’Angleterre Henri III profite de la crise du pouvoir en al-Andalus pour reprendre l’ordre du pape d’organiser une croisade contre les Maures.

Il est accueilli à son arrivée par Alphonse X qui n’espérait plus de tels renforts mais qui préfère tout de même tenir le roi Henri du devant de la scène. Ce dernier reprend cependant le rêve de Louis IX, conquérir l’Espagne et la rendre à la Chrétienté. Lors de la bataille de Salamanque les troupes croisées défirent sévèrement l’armée du calife Omar II. Ce désastre mit fin à la dynastie califale. En al-Andalus le pouvoir est alors assumé par le général et émir de Grenade Mohammed al Nasrid. Ce dernier laisse avancer les croisés jusqu’au fleuve Tage, leur permettant d’assiéger de nouveau Tolède.

1269 : l’offensive musulmane contre Salamanque tourne au désastre quand l’armée refuse d’obéir à Mohammed, qu’ils ne reconnaissent pas comme souverain et se mutinent.

Mohammed al Nasrid défait les rebelles et alors qu’il assiège les derniers d’entre à Algerisas près du Djebel al Tarek il se proclame calife et contraint tout le pays à lui jurer fidélité. Cela arrangé il peu de nouveau tourner son attention vers les croisés anglais. Il fait route vers le Nord et les affronte à la bataille de Guadalajara où il est, une fois de plus vaincu.

Du côté croisé la guerre est alors principalement dirigée par Alphonse X dont les troupes castillanes sont les plus importantes. Il possède la meilleure armée mais est un piètre diplomate. Il ne voit rien lorsque Mohammed IV s’entend avec Jacques 1er d’Aragon en lui promettant les ville en deçà de l’Ebre en échange de son aide militaire. Le calife emprunte aussi des fortunes aux banquiers florentins pour financer le recrutement de ses troupes et la corruption de ses ennemis.

1270 : Henri III d’Angleterre, enrichi par un lourd butin et auréolé de victoires signe une paix séparée à Salamanque et retourne en Angleterre avec ses troupes.

1272 : avant de partir Henri III se rend en Aragon au mariage du prince Alphonse et de sa fille Eléonore, tout en profitant de l’occasion pour réaliser quelques raids sur les côtes marocaines (qui ne sont plus andalouses depuis la chute des Omeyyades).  

Ces raids n’ont d’autres ambitions que de faire du butin et sont donc éphémères mais elles renforcent la conviction des Anglais d’être la seule force capable de protéger la Chrétienté.

 

Voici quelques possibles développements à approfondir pour la suite du récit :

1300 : le calife se stabilise après la croisade anglaise même s’il perd la capacité de reprendre l’offensive au Nord. La France impose son protectorat sur la Navarre. Le Catalans développent leur puissance maritime et s’emparent de la Sardaigne, grâce au commerce avec l’al-Andalus Barcelone s’enrichit et devient la porte vers le Maghreb et l’al-Andalus. Dans le califat la dynastie nasride renforce son pouvoir.

1340 : Dernière tentative chrétienne pour dépasser la frontière du Tage. L’armée d’Alphonse X de Navarre est vaincue par Ali Abu Asan I, maître de tout l’al-Andalus. Sa victoire pousse les Anglais à chercher un accord dans le cadre de la guerre contre les Français pour pouvoir repousser la menace islamique.

Dans le même temps les Turcs islamisés, mais considérés par les Andalous comme des barbares, s’emparent de l’Anatolie et la croisade en préparation est détournée vers l’Est pour sauver Byzance et empêcher que la Chrétienté soit encerclée de toutes parts.

1390 : Victoire de la croisade du roi Louis de Hongrie qui repousse les Turcs au-delà du Bosphore, sauvant Constantinople et renforçant la Chrétienté. Venise en profite pour s’emparer des îles égéennes et la Hongrie annexe la Bosnie et la Serbie, impose sa protection aux Balkans et devient l’une des grandes puissances européennes.

1405 : Tamerlan conquiert ce qui reste de l’empire turc en tuant le dernier sultan, Bayazed, à Ankara. Tamerlan impose un équilibre régional. Les Européens s’assurent sa neutralité et les Andalous voient en lui un champion contre le chiisme.

1407-1415 : Guerre de Cyrène. La cité de Cyrène, officiellement soumise au Caire demande l’aide de ses frères sunnites pour se libérer du joug des sultans chiites d’Egypte. Les guerriers d’Algérie et de Tunisie se rassemblent pour attaquer les Mamelouks et libérer le peuple sunnite. L’al-Andalus apporte un soutien limité, un appui financer ajouté à un soutien moral, ainsi qu’une escadre de navires de guerre. Cependant les Mamelouks remportent la victoire et s’emparent définitivement de la Libye.

1425 : Shah Ruk, fils de Tamerlan, bien que moins puissant et moins habile que son père réussit néanmoins à maintenir l’unité de son empire avec le soutien d’une hiérarchie sunnite dont les enseignements viennent des écoles andalouses et qui prêchent la fidélité au sultan de Samarkand.

Cependant il ne sait pas maintenir son autorité sur les provinces les plus occidentales conquises par son père et qui retombent sous la domination des clans turcs, principalement situés au Kurdistan, en Arménie et en Géorgie.

1490 : Le navigateur génois Christophe Colomb tente de convaincre les souverains européens de monter une expédition navale vers l’Ouest inconnu. Mais les rois Ferdinand de Catalogne et Louis de France refusent. Le génois se tourne alors vers le calife Mohammed XII, son dernier recours.

Le projet intéresse le souverain maure qui met à sa disposition une forte flotte de trente navires et des savants inspirés par la science grecque (et qui fait qu’ils savaient depuis longtemps la Terre ronde). Colomb se convertit à l’Islam sous le nom d’Hamama et prend le commandement de la flotte qui part de Lisbonne.

1492 : la flotte d’Hamama, après un long périple, aborde sur l’île principale des Caraïbes. Elle est baptisée par les géographes de l’expédition ‘Alu-lua, qui signifie la perle, en référence à sa beauté luxuriante.

1495-1505 : colonisation andalouse de l’archipel des Caraïbes connu comme Gazirun al Khalig (îles du Golfe). Fondation des colonies Medinat as-Mohammed (Hispaniola) et Gadid Andalus (la Jamaïque). Débute aussi l’importation des premiers esclaves noirs achetés dans les sultanats subsahariens pour servir de mains d’œuvre en remplacement des Indiens en cours d’islamisation.

1504 : une expédition conduite par l’aventurier Yusuf Takhrim découvre le Yucatan et les peuples mayas. Il reste horrifié par les sacrifices humains aux divinités païennes et avec l’aide de ses soldats et de quelques canons (avec l’accord de Colomb, devenu émir des îles) entreprend de soumettre les populations locales et de les convertir.

1515-1525 : François 1er monte sur le trône de France. Il est élu en 1525 empereur du Saint Empire Romain Germanique après avoir défait l’Autriche de Charles V à Pavie. Il unifie sous son sceptre la France, les Etats italiens et les principautés allemandes, restaurant l’empire franc.

Dans le même temps, faisant espionner la route des navires andalous il ordonne el départ d’une vaste expédition navales qui découvre et prend possession de ce qui deviendra le Brésil. L’empereur est par nature peu intéressé aux choses religieuses et laisse se développer le protestantisme de Martin Luther qui entreprend alors de réformer le monde chrétien.

1530 : l’aventurier andalou Mohammed al-Gadid entre en contact avec l’empire des Aztèques et rencontre leur empereur Moctezuma II dans sa capitale Tenochtitlan. Accueillis en divinité il entreprend de conquérir le pays.

En 1536 il reçoit l’aide d’une nouvelle expédition forte de 65 000 hommes et en un mois anéanti les armées païennes, détruisant dans un feu purificateur les temples où avaient lieu les sacrifices humains. Des milliers d’indigènes qui refusaient l’Islam sont massacrés.

Quand le pays est enfin soumis le califat d’al-Andalus se trouve à la tête d’un immense trésor d’or, d’argent et de pierres précieuses qui sera employé à des fins militaires contre l’empereur français lors de la guerre de Catalogne.

Filobeche


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